Dans l’article précédant, je vous parlez de l’estime de soi ; je continue le sujet avec cet article qui parle de l’acceptation de soi et de la confiance en soi ainsi que des interactions des trois piliers (estime de soi, acceptation de soi et confiance en soi).
L’acceptation de soi
« Avec l’acceptation de soi, nous entrons dans un tout autre registre de l’image de soi. S’accepter, c’est être en amitié avec soi-même, c’est quitter sa position d’autocensure impitoyable, guettant le moindre faux pas, pour accepter, de façon tendre et rieuse, son imparfaite humanité. Loin d’être une posture qui mènerait à la passivité et à l’endormissement sur ses acquis, l’acceptation de soi nous permet de conduire notre vie sans enjeux égotiques. Il ne s’agit plus, ici, de faire les choses pour être quelqu’un de bien, mais de les faire pour les faire et pour atteindre nos buts, tout simplement. »
« L’acceptation de soi est une expression de l’amour inconditionnel (ou de l’amitié) dirigé vers soi. Il ne s’agit pas ici de narcissisme grandiose, type « miroir, ô mon miroir, dis-moi que je suis la plus belle », mais de tendresse lucide, sans condition, sans qu’il soit nécessaire de faire quelque chose pour la mériter. L’acceptation de soi ouvre aussi notre tolérance, notre respect pour autrui et notre capacité à aimer : si je suis capable de me percevoir sans honte et sans chercher à paraître autre chose que ce que je suis, défauts et qualités, grandeurs et misères, je peux accepter l’autre dans les mêmes proportions. Bien sûr, cela ne nous exempte pas des enjeux d’estime de soi, d’autoévaluation et d’auto jugement, très difficilement évitables, mais cela les tempère et les équilibre grandement. »
La confiance en soi
« La confiance en soi, c’est la conscience de ses ressources et de ses compétences, et la capacité, à parti d’elles, de relever des défis raisonnables. Elle n’est pas donnée dès le départ : elle se construit à mesure des défis relevés, et augmente avec les réussites.
Un point de taille est à noter : la confiance en soi augmente à mesure de la perception, de la représentation, de la conscience de ses ressources, de ses victoires, de ses réussites, et non pas à mesure des réussites réelles. Nous ne connaissons pas de la réalité que la perception et la conscience que nous en avons, et il en va de même pour la confiance en soi : si nous minimisons nos réalisations ou si nous ne les percevons que comme le fruit du hasard et de la chance, nous n’augmenterons pas notre confiance en nous ; si au contraire nous les majorons, transformant une réalisation sans grand défi en accomplissement prodigieux, nous risquons de nous illusionner quant à notre puissance effective. Il n’y a pas de défi objectif : ce qui représente une épreuve pour l’un n’en sera pas une pour l’autre. Ainsi en va-t-il du fait de parler en public, de se rendre à un cocktail où l’on ne connaît personnes, de remplir un document administratif… »
Les interactions des trois piliers
« L’estime de soi, l’acceptation de soi et la confiance en soi forment un système, c’est-à-dire que chacune interagit avec les autres.
-Une estime de soi suffisante permet d’accéder à l’acceptation de soi, notamment à la conscience lucide -ni trop ni trop peu- de ses qualités et de ses défauts. Elle permet aussi de croire assez en soi pour relever des défis raisonnables, et ainsi alimenter la confiance en soi.
-L’acceptation de soi permet une estime de soi équilibrée, c’est-à-dire ni grandiose ni dévalorisée, parce que l’auto-évaluation est mature et bienveillante. Elle permet aussi de prendre des risques sans y attacher d’enjeux narcissiques trop lourds, qui viendraient entraver l’action.
-La confiance en soi, enfin, permet l’accroissement de l’estime de soi en cas de réussite. Elle permet aussi de s’élancer vers de nouvelles aventures, la personne sachant qu’elle a les ressources nécessaires pour accepter un échec.
Chacun des trois piliers de ce système de ce système est donc relié aux autres et les alimente. Par conséquent, et comme pour tout système, modifier l’un des composants va modifier l’équilibre du tout ; il suffit d’en endommager un pour que tout fonctionne moins bien. »
Dans le prochain article, je vous parlerais du cheminement pour retrouver une image de soi équilibrée.
Texte tiré du livre : Pourquoi suis-je resté(e) ? Le lien traumatique au pervers narcissique : comprendre pour se reconstruire de Anne Clotilde Ziégler aux éditions Solar 2023