Lumiere de l'ombre

Cheminement pour retrouver une image de soi équilibrée

Dans ce dernier article de la série L’image de soi, je vais vous parlez du cheminement pour retrouver une image de soi équilibrée

« Ne nous leurrons pas : retrouver une image de soi qui permette de vivre confortablement va prendre du temps, et l’accepter permet de ne pas céder au désespoir. » « Il faut accepter le travail de fourmi, pas à pas. Rome ne s’est pas construite en un jour. »

Reconstruire l’estime de soi :

« Comme nous l’avons vu, l’estime de soi s’édifie en partie dans le regard que les autres posent sur nous, et ce constat ouvre une piste. Après avoir expliqué sa démarche à des personnes de son entourage qu’elle estime bienveillantes mais pas complaisantes, elle leur soumet toutes les questions qu’elle à envie de poser sur elle-même et sur sa valeur : « ai-je mauvais caractère selon toi ? », « Penses-tu que je suis complètement stupide d’avoir agi ainsi ? », ect

Elle peut aussi lister par écrit toutes les exigences et qui se sont fichées dans son idéal du moi, pour discerner si elle a ou non envie de les garder. Faut-il absolument qu’elle surveille tout ce qu’elle mange pour rester impeccablement mince ? Vieillir est-il si grave et si moche qu’il faille absolument chercher à le cacher ? Faut-il absolument ne jamais dire de gros mots et user d’un langage soutenu dans toutes les circonstances ? Est-ce si grave qu’elle mette un jean et ne soit pas toujours tirée à quatre épingles ? … Cet inventaire, lui permettra de rejeter ceux dont elle ne veut pas et s’évaluer de façon plus mature. Elle pourra, si elle le souhaite, ensemencer son nouveau jardin de valeurs de la pensée. »

Reconstruire l’acceptation de soi :

« Accepter les imperfections d’autrui.

D’après mon expérience, l’acceptation lucide et tendre envers soi-même est plus facile à construire ou à reconstruire quand on commence par s’exercer à l’acceptation tendre vis-à-vis d’autrui. Elle pourra s’exercer à reconnaître les moments où elle juge les autres, puis à comprendre la dynamique qui a amené la personne qu’elle critique à se comporter comme elle le fait, jusqu’à ce que son exaspération se dissipe. Cette personne est imparfaite, comme tous les humains. Est-ce grave d’être humain, donc perfectible ? Ensuite, elle pourra plus facilement appliquer ce raisonnement à elle-même, si elle y est attentive et déterminée. Elle a fait un truc pas terrible ? C’est vrai, et voilà comment c’est arrivé. Elle peut réparer ? Si oui, qu’elle le fasse, tranquillement, en reconnaissant son erreur sans s’ensevelir sous les critiques. Si non, qu’elle constate tendrement qu’elle est, elle aussi, juste humaine. C’est comme ça, même si elle le regrette. Elle n’est pas parfaite, loin de là, mais rien qui mérite d’avoir honte. Elle fera mieux, si elle le peut, la prochaine fois. »

« Accueillir ses parts d’ombre et y chercher les ressources pour soi.

Elle peut aussi se demander, devant une caractéristique qui l’exaspère chez l’autre, si elle n’aurait pas la même, qu’elle n’accepte pas. C’est plus confrontant, mais très efficace. Dans son exaspération devant cette grosse dame qui s’empiffre de religieuses au chocolat, n’y aurait-il pas comme un fond d’envie de faire la même chose ? Et dans cette envie, n’y aurait-il pas une précieuse graine de liberté qui la pousse à sortir du diktat de la minceur et à décider de ce qu’elle mange sur ses propres critères, à s’autoriser la gourmandise, ce que fait sans doute la grosse dame ? Quelle tendresse retrouvée, alors … Devant la prétention d’un tel ou d’une telle, et l’exaspération qu’elle ressent, ne voit-elle pas en miroir sa propre prétention, bien dissimulée ? Et dans cette fichue -mais humaine- prétention, y aurait-il la graine de la reconnaissance d’elle même qu’elle a besoin d’arroser ? Et si c’était la même chose pour la personne qui semble se pavaner ? Comme elle est tendre, cette acceptation de la faillible humanité commune… »


« Je fais des erreurs ou des bourdes ? Ben ouais !

Ensuite, elle pourra pratiquer l’exercice du « ben ouais », qu’elle se dira à chaque faux pas, à chaque imperfection qu’elle constatera. Elle a une nouvelle ride ou un cheveu blanc ? Elle a pris un kilo ? Ben ouais. Et alors ? Y peut-elle quelque chose, et a t-elle envie d’y pouvoir quelque chose ? Elle a dit une grosse bêtise ? Ben, ouais. Elle n’est pas parfaite, elle est humaine. Elle a été désagréable avec la caissière du supermarché ? C’est regrettable, mais, ben ouais, elle l’a fait. A-t-elle envie de revenir sur ses pas pour s’excuser ? Est-ce le signe qu’il serait utile de se reposer un peu ? Elle fera mieux la prochaine fois, probablement, puisqu’elle a accepté le constat de son attitude revêche sans se justifier pour en fuir la conscience, ni s’agonir d’injures, ni ressentir de culpabilité, ce qui en général empêche de prendre ses responsabilités. »

« Je suis aussi quelqu’un de qui fait des trucs bien ? Ben ouais !

Enfin, il est nécessaire de se rappeler que s’accepter, c’est aussi avoir conscience de ses réussites et de ses qualités, simplement. Je réussis bien la flamiche aux poireaux ? Ben ouais, et c’est chouette. J’ai fait médecine ? Ben ouais, et j’en suis bien contente. J’ai de beaux yeux ? Ben ouais. C’est agréable de le savoir. Il ne s’agit pas d’orgueil ; l’orgueil consiste à dénier ses imperfections et à ne vouloir constater que ses qualités, à les monter en épingle, à les revendiquer et à s’en servir pour mépriser autrui. Cette reconnaissance tranquille des ses qualités et de ses réussites, sans en faire étalage mais sans s’en excuser, permet de se réjouir des qualités des autres sans les jalouser. Cette attitude est, au fond, l’exacte opposée de celle du pervers narcissique. »

Reconstruire la confiance en soi :

« Elle peut faire de préférence par écrit, la liste de tout ce qu’elle a réussi, de tout ce qu’elle sait faire, de la plus petite chose au plus grand défi rencontré. A chaque fois, il est nécessaire qu’elle s’arrête un moment pour prendre conscience que tout cela n’a rien d’évident, mais qu’elle a trouvé les ressources et qu’elle a les compétences pour le faire. Au passage, notons que reconnaître ses réussites aide à la reconstruction des trois piliers de l’image de soi : pour l’estime de soi (j’ai réussi, donc je suis quelqu’un de bien), pour l’acceptation de soi (m’accepter, c’est aussi me regarder sans fausse modestie (c’est-à-dire avec humilité), ce que je fais de bien) et enfin pour la confiance en soi (je sais que je peux le faire, ça me donne confiance en mes compétences).

La confiance en soi se construit à mesure que les succès ont lieu, à condition de les voir et de les reconnaître comme tels. C’est sur cette reconnaissance que l’attention doit se porter, pas après pas, victoire après victoire. Il faut pour se reconstruire, noter chacune d’elles, même minuscule, et prendre le temps d’en avoir conscience, de se féliciter. « Je l’ai fait ! » Ainsi, petit à petit, elle pourra continuer à relever des défis raisonnables, en pleine conscience de ses ressources. »

 

Texte tiré du livre : Pourquoi suis-je resté(e) ? Le lien traumatique au pervers narcissique : comprendre pour se reconstruire de Anne Clotilde Ziégler aux éditions Solar 2023

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