Dans cet article, je vous parle de l’image de soi et de l’estime de soi ainsi que dans deux autres articles à suivre.
« Notre image de nous-mêmes est fondamentale, car elles conditionne la façon dont nous entrons en relation avec les autres, les décisions et les risques que nous prenons, ainsi que notre façon d’agir dans le monde. Cette image est une construction que nous avons commencée dans l’enfance, fruit de l’amour que nus avons reçu (ou pas) et que nous recevons (ou pas), de ce que nous renvoient les autres de l’image qu’ils ont de nous – nous de sommes pas conscients de celle-ci et nous le savons-, de notre comparaison avec autrui et de ce que nous avons enregistré comme critères déterminant si nous sommes ou non « quelqu’un de bien ». »
L’image de soi est composée de trois piliers : estime de soi, acceptation de soi et confiance en soi.
L’estime de soi :
« L’estime de soi, l’un des trois piliers de l’image de soi, est une estimation de sa propre valeur. Qu’est-ce que je vaux ? Suis-je quelqu’un de bien ? En arrière plan se tient la question fondamentale : suis-je digne d’amour ? (amour au sens large : sentiment amoureux, amitié, respect, reconnaissance, considération) L’amour dont il est question ici est de l’amour conditionnel, presque de l’amour consumériste, fondé sur la croyance que l’amour se mérite, que l’on est assez bien ou bon pour cela. Parfois même, certaines personnes pensent que leur droit d’exister est conditionné au fait de correspondre à des critères qui le justifieraient.
Les critères qui permettent de s’évaluer se basent la plupart du temps sur les normes perçues dans le monde extérieur, c’est-à-dire ce qui a été nommé bien ou bon, reconnu et récompensé par des figures d’autorité, chez soi ou chez d’autres, avec qui on se compare (les parents et les enseignants des petites classes, pour commencer, puis les copains, à l’adolescence), par notre environnement culturel et par nos proches, notre conjoint en tête de liste. En psychologie, l’ensemble de ces critères s’appelle « idéal du moi » . Ainsi, une femmes n’aura pas la même image de son corps selon qu’elle appartient à une culture où l’embonpoint est jugé esthétique ou qu’elle naît dans un monde où seules la minceur est valorisée. Dans ce dernier cas, le ressenti péjoratif qu’elle aura de ses rondeurs sera atténué si son conjoint les apprécie. Les normes que nous avons intériorisées se mêlent et se répondent, générant un ensemble mouvant.
Quand notre estime de nous-mêmes devient le pilier principal de notre image de nous-mêmes (sans acceptation de soi, sans grande confiance en soi), souvent parce qu’elle est fondamentalement trop basse et nous blesse, nous faisons nombre de choses pour tenter de la hisser vers notre idéal, du régime alimentaire drastique au passage compulsif de diplômes ou à la course à la promotion, décrochée au prix d’efforts inouïs, en passant par un consumérisme effréné d’objets vus comme porteurs de prestige. L’estime de soi est l’un des ressorts du consumérisme !
En réalité, une estime de soi moyenne, ni trop élevée ni trop basse, sert principalement à se libérer de la dictature de l’ego. L’estime de soi est bonne quand, dans les grandes lignes, elle ne s’interpose plus entre nous et le monde, ni entre nous et nous-mêmes. Si mon estime de moi-même est trop élevée, comme dans le cas du narcissisme pathologique, elle prend toute la place: je fais les choses pour le regarder les faire, je suis ivre de moi-même et je ne regarde que moi, et moi,et moi. Paradoxalement, je fais la même chose si mon estime de moi est trop faible : je me regarde faire, je me critique en permanence et je ne regarde que moi. Quand elle est moyenne, je fais les choses comme je les fais, et qu’elles soient imparfaites n’est pas si important. De ce fait, je peux agir et percevoir le monde sans que ma première préoccupation soit de m’évaluer pour m’y situer. Je suis sur le chemin de l’acceptation de moi, de moi comme je suis. »
Dans le prochain article, je vous parlerais de l’acceptation de soi et de la confiance en soi.
Texte tiré du livre : Pourquoi suis-je resté(e) ? Le lien traumatique au pervers narcissique : comprendre pour se reconstruire de Anne Clotilde Ziégler aux éditions Solar 2023